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Chroniques des profs n°8 bis du lundi 8 février 2016
Chroniques des profs n°8 bis du lundi 8 février 2016
Pour tous nos collégiens mais paradoxalement pour nombre de leurs correspondants aussi, cette soirée constitue une grande première. Les joutes de hockey de la NHL s’étendent du début du mois d’octobre à la première semaine d’avril et les rencontres ont lieu à raison de trois par semaine. Les Senator’s occupent cette saison une modeste sixième place juste derrière leur grand rival québécois les Canadiens de Montréal à la différence de buts.
Les places qui nous ont été attribuées cette année dans l'aréna d'Ottawa sont situées dans la partie supérieure des gradins. Nous jouissons donc d'une vue imprenable sur l'ensemble de la patinoire mais en revanche cela nous oblige à écarquiller les yeux pour distinguer la marche du palet.
Nous constatons de nouveau combien la cohorte de blousons rouges, édition 2016, possède une exceptionnelle capacité d'adaptation. S'ils ne saisissent peut-être pas immédiatement toutes les subtilités des règles du sport national canadien - encore qu’ils aient été brillamment initiés entre autres choses au hors-jeu et aux « punitions » de ce jeu par l’exposé préparé et présenté en classe par Maïtena et Mélodie- ils s'en approprient sans difficulté aucune la convivialité festive. Dès la fin du premier tiers -temps, ils se sont ainsi lancés dans l'exploration des galeries de l'aréna et en reviennent les bras chargés de trophées alimentaires: pop-corn, barbes à papa violettes, bleues ou classiquement roses, pizzas, frites et poutines, le tout arrosé de diverses boissons propres à coincer la bulle.
Les filles se sont peinturlurées la figure, tous ou presque portent un souitecheurte ou un ticheurte, voire une écharpe aux couleurs des Senator's et les visages sont radieux. Une joute de hockey, c'est plus qu'une rencontre sportive où douze types casqués façon guerre des étoiles se cherchent des crosses. Non, il s'agit d'un véritable show à l'américaine où s'entremêlent inextricablement mais habilement une part d'animation, de paris et de publicité et de glorification des athlètes. Qu'il faille faire du bruit -"Make noise" nous demande l'énorme panneau lumineux quadriface qui surplombe la patinoire-, faire la holà ou gonfler ses muscles dans l’espoir de se trouver dans le champ de la caméra, tout est bon pour dynamiser la rencontre. Musiques puissantes et jingles multiples scandent la soirée mais l’ambiance reste malgré tout bon enfant. Les spectateurs viennent se détendre et apprécier du beau jeu sans verser dans les excès du soccer, c’est-à-dire du football qui ici est américain mais ne se joue pas au pied.
Comme chaque année, nos petits français choisissent leur camp : « Go, Go Sen’s, go ! » Et ils font bien parce que pour la première fois en cinq ans, l’équipe hôte domine son sujet et produit du beau jeu. Le gardien d’Ottawa accomplit des prouesses qu’apprécient nos élèves subitement connaisseurs. Quelques bagarres sur la glace suscite de belles rigolades surtout quand l’échauffourée se poursuit au sol.
Avant même la fin du deuxième tiers-temps une colonne d’adolescents canadiens et français se dresse comme un seul homme, déserte ses sièges et se dirige sans un mot pour faire le vide à « la salle de bain » ou pour faire le plein (de provisions) pour la route. Les commerçants de l’aréna doivent se frotter les mains car notre lignée (rangée) d’étudiants revient les mains plus que pleines. Leur sens tactique est impressionnant car en anticipant la pause, ils ont évité la cohue dans les galeries et aux toilettes même s’il a fallu pour cela cacher la vue de la patinoire à des dizaines de spectateurs innocents.
Les Sen’s ont la pêche sur la glace et les Floridiens sont menés 4 à 1. Leur entraineur tente alors un pari osé qui surprend les connaisseurs : il fait sortir son gardien et lance un sixième joueur de champ pour créer le surnombre et tenter de combler le retard de son équipe. Mal lui en a pris car le jeune Jean Gabriel Pageau, star locale issue de la ville québécoise voisine de Gatineau, projette la rondelle depuis la ligne médiane dans le but vide. L’affaire est entendue : nos jeunes « partisans » peuvent claironner « on a gagné »
L’aréna se vide calmement de ses 17 197 spectateurs payants et nos blousons rouges et leurs correspondants regagnent le bus jaune qui stationne sur une aire de stationnement réservée à des bus jaunes issus de la même portée. Il fait froid pour la première fois depuis longtemps : -16°C. Heureusement, nous venons de faire du sport et tout le monde est bien réchauffé !
Dans le car, nos collégiens français nous font un magnifique cadeau. Ils entonnent tous un chœur un formidable « merci les professeurs pour cette journée » qui nous fait chaud au cœur.
A notre tour de les remercier : nous avons cette année un groupe exceptionnel dont le comportement est exemplaire et pour lequel souvent nous avons été félicités, en dernier lieu cet après-midi même par le propriétaire des chiens de traineau.
Ce fut une longue journée commencée à 7h45 à l’école et achevée à plus de 23h mais une journée probablement mémorable pour tous.
Demain est un autre jour/
DR
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