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Chronique de DR samedi 08 mai

Publié le par Saintex

Chronique du prof  du  8 mai 2010

 

 

6 juin 1944 en Normandie, l’obscurité se dissipe difficilement dans la grisaille du petit matin sur une plage habituellement paisible et qui porte pour l’histoire le nom de code de Juno beach.

A 7h55, 20 minutes après l'heure initialement prévue, à cause de l'état de la mer particulièrement houleuse, 15 000 soldats Canadiens et 9 000 soldats Britanniques, sous un commandement Canadien, débarquèrent sous le feu des défenses allemandes.  Les pertes en chars amphibies furent élevées mais à 9h30 Bernières- sur- Mer fut libérée. A 10h, Courseulles était libérée et à 11h30 le fortin de Saint- Aubin fut pris. A la tombée de la nuit une tête de pont était créée.

Au soir du 6 juin, 946 jeunes hommes, originaires de toutes les provinces canadiennes, du Manitoba  comme de l’Alberta, de la Colombie Britannique comme du Nouveau Brunswick, du Québec comme de l’Ontario, dorment à jamais sur le sol français.

Dans les mois qui suivirent, au long des durs combats qui opposèrent  troupes alliées et forces allemandes arc-boutées dans une résistance farouche et désespérée, nombreux furent les soldats canadiens qui sacrifièrent leur vie à la libération de la France. Parmi eux, beaucoup vinrent pour mourir sur la terre de leurs ancêtres. Aux côtés des Geoffrey Thickett et Laceby Donald, sont tombés des Ernest Thibodeau et Marcel Lachance. Ronald Colley et Clarence Bollen  ont–ils été abattus par la même mitraille  que François Collin et Lucien Bolduc ?  Près de Roy Henry Monk et du lieutenant Robert J.Leckey gisaient peut-être Gérard Mongeon et le sergent Joseph Leduc. Paul Allard  et Stephen DeBlois ont t- ils cotoyé Herbert Barker ou Alexander Sunstrum avant qu’un obus ne les couche tous ? 

Autant de noms, tous authentiques, qui s’ajoutent aux 44077 soldats canadiens qui ne sont pas rentrés au pays en 1945.

 

C’est pour leur rendre hommage qu’à l’invitation de la municipalité de Marolles, Jessica et Véronique ont pris la parole en ce 8 mai devant un auditoire d’abord intrigué puis séduit et finalement conquis. C’est pour leurs jeunes compatriotes morts voici 65 ans au champ d’honneur qu’elles donnèrent lecture avec conviction et clarté du texte préparé pour cette occasion et auquel fut ajoutée l’émouvante relation que Ciana fit de sa découverte de Juno beach trois jours plus tôt.

Devant un parterre d’élus et d’officiers, face aux anciens combattants, devant les enfants des écoles de Marolles, devant leurs camarades et leurs correspondants, elles évoquèrent avec force la mémoire de ceux qui ne sont plus que des noms dans la chapelle du Souvenir du Parlement d’Ottawa.

Quand elles se turent, et avant que ne retentissent une salve d’applaudissements, il y eut un instant de silence, juste assez profond pour permettre aux pensées de poursuivre leur chemin au delà des mots, juste assez long pour que d’un geste discret, une partie de l’assistance, s’essuie les yeux. Derrière elles, le drapeau canadien flottait doucement au côté des emblèmes français et européen.

 

D’autres images resteront : celle de nos blousons rouges défilant de l’Eglise à la mairie derrière un bataillon de fantassins, celle de tous nos jeunes gens déposant à tour de rôle une fleur devant le monument, celle de nos jumeaux canadiens souvent escortés de leurs amis français discutant avec de vieux messieurs dont le revers de la veste arborait une rangée de médailles, celle de monsieur Thibs, magnifique de dignité, méditant devant la liste des noms gravés sur le monument aux morts, celle de Frédérick  se remettant doucement sur un banc au soleil d’un malaise bénin, celle de Corentin, comme à son habitude très attentif, celle de Morgan et Jean Charles très concentrés- contrairement à l’habitude pour ce qui les concerne- toute la cérémonie durant…. !

 

A Marolles, ce samedi, les hymnes français et canadiens se succédèrent. Nous pûmes ainsi nous assurer d’une chose : nos petits français connaissent au moins les trois premiers vers de la Marseillaise ! 

Deux heures d’émotion, deux heures de partage, telle fut cette cérémonie commémorative au cours de laquelle nos jeunes gens, canadiens et français, ont échangé leur mémoire collective respective. Reste à présent à introduire l’histoire ! Vaste chantier…..qui attendra bien quelques mois !

 

DR

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